En ces temps un poil tristes de Brexit, je suis allé faire un tour dans l’institution des fromages anglais à Paris. La fromagerie Beaufils, en plus d’avoir une excellente gamme nationale (fruit d’un beau travail de sélection), nous plonge dans le dynamisme des fromages anglo-saxons. Loin des classiques, vieillissant trop souvent dans un coin du rayon, ici le choix est vaste, travaillé et sans défaut. L’occasion d’aller tester les accords vin rouge-fromage avec Christophe Lesoin et son équipe dynamique, conviviale et plutôt barbue d’une de mes adresses préférées.
La Fromagerie Beaufils, ce sont trois boutiques dans Paris : l'une rue de Belleville, l'autre rue Cadet et la petite dernière à Losserand. Leur Facebook, très bien rodé et documenté, est à suivre et il est juste là ;)
Le choix du vin :
Direction Ma Cave au 105 rue de Belleville pour aller
chercher mes bouteilles. Quatre envies : un vin rouge pour accompagner un
plateau de fromage, un Pinot forcément, un vin qui
accompagnerait une croûte fleurie et un vin hyper tannique ! Un conseil efficace et pro pour une sélection parfaite malgré une demande compliquée.
Et c’est parti avec un Brouilly du Beaujolais, du Manoir du Carra à 9.90 euros
Bon… C’est vrai que le vin est assez consensuel, rend le moment linéaire, sans fausses notes. On le tente avec un Reblochon crémeux : assez conquis. On le goûte avec un chèvre et là ça se complique : les arômes caprins sont trop puissants ! Dubitatif devant ce vin, on le teste avec le Stilton sans trop y croire. Et là ! Pépite ! Le crémeux du Stilton ressort, ses arômes subtiles de cave se complètent parfaitement avec le fruit. Le rouge aimerait-il le bleu ?
Deuxième round et deuxième verre. On complète le plateau
anglais et Emmanuel remonte avec le Riseley, une pâte molle de
brebis à croûte lavée. L’histoire est drôle. C’est un fromage de brebis type brie que des
affineurs ont commencé à laver, un peu par erreur au début. Le résultat est
génial : c’est crémeux avec un cœur un poil plus ferme. C’est tout doux, mais on
sent des touches subtiles de bergerie et le puissant potentiel de sa croûte
lavée. Une vraie découverte. Et face au Brouilly ? On retrouve tous les
compromis précédents : le crémeux, le caractère porté par le vin, rendant le
moment idéal. Encore un coup de cœur après le Stilton, le rouge aime finalement les petits Anglais.
On continue avec un Pinot de Bourgogne, Domaine Epineuil, à 11 euros
Un vin plus corsé que l'on tente avec les accords
régionaux. Les Chèvre trouvent leur place, le Cône du Colombier (une pyramide affinée avec une pâte ferme et des arômes de sous bois) nous
donne des notes sucrées. Le Saint Maure de Touraine avoue son crémeux et le vin
renforce gentiment le goût chèvre. Nous restons néanmoins sur des choses
assez douces, pour ne matraquer sa force tranquille.
Deuxième round avec un joli Cheddar de la maison Montgommery. Les Cheddar sont généralement difficiles à accompagner. Ils ont souvent des approches complexes, capables de marier acidité et amertume, minéralité et fruité, fermeté et fondant . Un joli bordel pas gagné d’avance qui se suffit souvent à lui-même. Mais avec le coté tonique du Pinot, notre cheddar se réveille, reste en bouche, accompagne le moment dans un petit escalier de saveurs.
Un joli Bourgueuil, Cuvée Myosotis, à 11.9
Censé accompagner les croûtes fleuries et leurs arômes
d’humus, les accords nous marquent moins... Rien de bien choquant, mais encore une
fois ce sont les Chèvre qui gagnent ! Notamment le Cône du Colombier qui
encore une fois aime le rouge. Sa texture fine, ses arômes doux accompagnent en
bouche la lenteur du Bourgeuil, son coté capiteux.
Et pour finir, un vin tannique de l’Aude, Les Petits Rouges à 12, 50
Le cruel moment du vin tannique! Qui commence à me
plaire finalement... On dit que le fromage n’aime pas les tanins, mais ici rien de
choquant malgré quelques goûts animaux qui s’exacerbent. Et
encore une fois notre Stilton fait ses preuves, arrivant tout en douceur,
enrobant le pâteux du vin dans un joli crémeux, donnant doucement son avis en
accord parfait avec le puissant de ce vin du sud. Comme un débat ou tout le
monde se mettrait d’accord !
Au deuxième round, le Riseley s’impose encore une fois. Un mariage sexy entre deux petits costauds. Enrobant lui aussi, mais avec une proposition animale renforcée par le compoté du vin ! Encore un coup de cœur ;)
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